Une recherche normale ? Quoi ! Mais la
recherche c’est tout sauf la normalité, c’est la passion, l’imagination, la plongée
dans l’inconnu, le refus du statu quo, la prise de risques. On ne programme pas
les découvertes. Il n’y a pas de cahier des charges pour changer la société.
En 1900, Robert Portes, le chef de projet de
la compagnie Mendeleïev-Stoney (MS) finissait ainsi la réunion de travail
hebdomadaire :
« Bon alors résumons
nous, d’abord on découvre l’électron, puis on en fait la théorie, oui mais,
faut faire simple, hein!, on résume ça en deux formules, pas plus !,
ensuite on les injecte dans des transistors, Oui parce que, avec des lampes, on
n’ira pas loin, bon ! Finalement on miniaturise tout ca et on met un
ordinateur dans chaque foyer !!!! Ouah, trop cool !!! Bon, aller,
au travail … Ah j’oubliai, on demande aussi au CERN d’inventer le WEB… Oouai ca
pourrait aider !!»
La recherche pour améliorer la société ? Ha
oui ! Et elle le fait, mais la bombe atomique, apothéose de tous les progrès
scientifiques appliqués à l’ « Art Militaire » au cours des
temps, les dommages irréparables fait à la terre, notre seul esquif dans
l’Univers, par le cycle du pétrole, le manque de maitrise de l’énergie nucléaire,
la déforestation massive, l’élevage intensif, la pèche industrielle, ca aussi
c’est la recherche ! ou son trop peu ?
La recherche et l’innovation pour sauver l’économie ?
Ah ca, on l’a entendu durant la campagne présidentielle: « la recherche et
l’innovation pour la croissance, pour sortir de la crise » !!! Bien
sur, c’est une solution qui marche: créer des besoins, pour les satisfaire
ensuite, mais l’effet sur l’emploi ? Les ordinateurs qui ont détruit des
millions de jobs dans le monde., les postes de dactylo… de quoi ? Ah, si,
celles qui tapaient sur des « machine à écrire », sur quoi ?… bon.. laisse tomber…, de postes de comptable remplacés par les feuilles Excel, les
robots industriels à la place des ouvriers, la rapidité et la facilité des
transports bases du profit des délocalisations…. La liste est longue …
Alors quoi ! … la recherche c’est
quoi ? C’est pourquoi, ? La recherche est-elle mauvaise, finalement ?
Qui veut encore de la recherche ?
Mais tout le monde ! Elle n’est ni bonne ni mauvaise, elle est,
simplement, ce qu’on en fait. Le désir de connaissance est ancré dans le
cerveau, la recherche est le propre de l’homme. Il n’existe, ne se réalise que
dans sa vision du futur, le présent est trop court, le passé trop tard. Et
cette vision du futur c’est quoi ? plus de confort pour les riches, plus
de pain pour les pauvres, plus d’égalité, plus de respect, plus d’harmonie pour
tous … peut-être … peut-être la recherche y contribuera-t-elle, nul ne le sait.
Les applications seront-elles pour un futur radieux ou pour l’apocalypse ?
Ça dépend de la société, de l’éducation, de l’information et de nos moyens,
nous citoyens, d’influer sur la politique et l’économie, pas de la recherche
seule. Mais sans elle, il n’y aura rien a decider.
Alors, alors devant l’inconnu, devant l’incapacité
à prévoir ce qui ne peut l’être !, que faire ? …Simplement, une
recherche normale c.à.d. une recherche qui reçoit des financements récurrents
suffisants, un recrutement de qualité sans à-coup, une recherche sans priorités
tonitruantes, mais une recherche ouverte et coopérative, une recherche respectée
et communicante, une recherche internationale,
lieu de toutes les diversités du savoir, avec des grands équipements, quand
ils sont nécessaires, une recherche ambitieuse de la seule soif de connaissance.
Un peu comme ca se passait avant, avant sa trop grande instrumentalisation,
avant, quand le CNRS a été créé, par exemple, par des visionnaires comme Fréderic Joliot-Curie
au sortir de la guerre, une recherche comme dans « La recherche passionnément »
écrit par son fils Pierre Joliot (à gauche de F. Hollande sur la photo) présenté à notre Président normal le jour même de son investiture, Une recherche
qui malgré nos espoirs, nos besoins, nos aspirations laisse le temps au temps,
car c’est lui qui décide.
Une recherche normale, c’est, aussi, une
recherche indépendante, libre et publique et qui en rend compte à la société.
Une recherche qui est un recours quand les abus et les excès des uns, les
croyances et les mystifications des autres jouent avec la naïveté du peuple.
Les chercheurs ne sont pas dans une tour d’ivoire, ils sont au cœur même de la société,
là, oui là, dans le métro à coté de vous, au feu rouge dans sa Twingo. Ils sont
comme nous, normaux, ils sont les premiers à vouloir valoriser leurs travaux et,
en cela, ils sont à la source de l’essentiel de l’innovation industrielle. Ils
sont comme nous, sauf quand, au détour d’une question, comme dans
« Transformers 4», ils se transfigurent, vous communiquent un peu de
la passion qui les anime et vous emmène dans le monde fantastique du savoir et
de l’espoir.